Elodie Rougeaux
Portrait de l’artiste
Le travail d’Elodie Rougeaux-Léaux parle de gestes, de mouvements, de corps. Il s’agit à la fois de gestes de la vie quotidienne, replacés au centre de recherches artistiques contemporaines dans les années 60, de gestes appartenant au monde du travail, dont l’ouvrier est la figure centrale depuis la révolution industrielle, mais aussi de gestes artisanaux qui, après avoir été tant dévalués, sont remis à l’honneur au XXIème siècle, ou encore de gestes rituels ancestraux sans cesse réactualisés. Ils naissent dans le mouvement, engagent le corps, s’apparentent à une chorégraphie. Ils révèlent des savoir-faire autant que des manières d’être, individuelles ou collectives. Ils s’inscrivent dans un espace et le façonnent, en définissent les contours. Dans la pratique artistique d’Elodie Rougeaux-Léaux, ces gestes sont omniprésents ; elle les filme, les mime, les danse.
Elle crée différents objets qui permettent, par leur activation, de les mettre en évidence. Elle collecte des matériaux dans son environnement proche, attachée à leurs aspects brut ou à leurs usages aussi bien qu’à ce qu’ils racontent de leurs territoires. Sans idées préconçues, elle se laisse guidée par ces modestes trouvailles, et adopte une posture inspirée de la sociologie et de l’archéologie – de l’étude de ces gestes chargés d’histoires – pour en faire une relecture. Ainsi, elle produit de nouvelles formes, aussi familières qu’étranges, qui rappellent les artefacts antiques, les sculptures surréalistes, comme celles de Meret Oppenheim notamment, aussi bien que les outils des futurs décrits dans la littérature d’anticipation. Le travail d’Elodie Rougeaux induit une bascule du temps. Réalisés en matières naturelles – en corde, laine, tissus, terre ou métal – utilitaires ou non, ils oscillent entre art et artisanat, tout en jouant d’effets d’anachronismes troublants. Si l’on croit reconnaitre les objets – ici un instrument de musique, là un meuble, un tapis – leurs fonctions quant à elles, se dérobent, produisant une véritable tension entre la forme et l’usage. Seul le corps semble pouvoir, par le mouvement, révéler le rôle de ces « objets-chorégraphiques », à la manière de Rebecca Horn, qui, dans une perspective animiste, les faisait vivre dans ses performances.
Elodie Rougeaux-Léaux cherche à invoquer leurs « potentiels narratifs et poétiques » en les contorsionnant, et en invitant d’autres corps à interagir avec ces objets. Évoquant les actions performatives de Tiphaine Calmettes, Elodie Rougeaux-Léaux insuffle dans son travail une réflexion politique sur nos pratiques collectives – descendant de rituels anciens – et sur l’ensemble de symboles qui y sont associés. Elle définit des dispositifs qui permettent à chacun·e qui y intervient, d’en faire bouger le cadre. Souvent, le groupe se mue en une entité à part entière, qui s’émancipe pour proposer une nouvelle lecture des pièces de l’artiste. Le collectif occupe en effet une place centrale dans sa pratique, notamment depuis sa rencontre avec les artistes activistes berlinois membres de LIOS Labs, avec qui elle travaille régulièrement depuis 2021. Il s’agit pour ses membres d’explorer la multiplicité des pratiques, leur pluridisciplinarité et les problématiques que soulève leur mise en commun. Le groupe devient parfois, au contact des œuvres, un seul corps, traversé par un même souffle, rappelant la philosophie zen et mettant en évidence la circulation des énergies dans tout être et toute chose. Au grès des rencontres, l’artiste cherche à faire intervenir dans ses pièces le travail de la main, la sienne autant que celles d’autres individus, comme pour mettre en évidence les nombreuses collaborations, si souvent invisibilisées dans le champ de l’art. La pensée qui émerge de ces recherches, éminemment contemporaine, permet d’interroger les phénomènes de transmission de savoirs, davantage gestuels et symboliques que théoriques.
Elle crée différents objets qui permettent, par leur activation, de les mettre en évidence. Elle collecte des matériaux dans son environnement proche, attachée à leurs aspects brut ou à leurs usages aussi bien qu’à ce qu’ils racontent de leurs territoires. Sans idées préconçues, elle se laisse guidée par ces modestes trouvailles, et adopte une posture inspirée de la sociologie et de l’archéologie – de l’étude de ces gestes chargés d’histoires – pour en faire une relecture. Ainsi, elle produit de nouvelles formes, aussi familières qu’étranges, qui rappellent les artefacts antiques, les sculptures surréalistes, comme celles de Meret Oppenheim notamment, aussi bien que les outils des futurs décrits dans la littérature d’anticipation. Le travail d’Elodie Rougeaux induit une bascule du temps. Réalisés en matières naturelles – en corde, laine, tissus, terre ou métal – utilitaires ou non, ils oscillent entre art et artisanat, tout en jouant d’effets d’anachronismes troublants. Si l’on croit reconnaitre les objets – ici un instrument de musique, là un meuble, un tapis – leurs fonctions quant à elles, se dérobent, produisant une véritable tension entre la forme et l’usage. Seul le corps semble pouvoir, par le mouvement, révéler le rôle de ces « objets-chorégraphiques », à la manière de Rebecca Horn, qui, dans une perspective animiste, les faisait vivre dans ses performances.
Elodie Rougeaux-Léaux cherche à invoquer leurs « potentiels narratifs et poétiques » en les contorsionnant, et en invitant d’autres corps à interagir avec ces objets. Évoquant les actions performatives de Tiphaine Calmettes, Elodie Rougeaux-Léaux insuffle dans son travail une réflexion politique sur nos pratiques collectives – descendant de rituels anciens – et sur l’ensemble de symboles qui y sont associés. Elle définit des dispositifs qui permettent à chacun·e qui y intervient, d’en faire bouger le cadre. Souvent, le groupe se mue en une entité à part entière, qui s’émancipe pour proposer une nouvelle lecture des pièces de l’artiste. Le collectif occupe en effet une place centrale dans sa pratique, notamment depuis sa rencontre avec les artistes activistes berlinois membres de LIOS Labs, avec qui elle travaille régulièrement depuis 2021. Il s’agit pour ses membres d’explorer la multiplicité des pratiques, leur pluridisciplinarité et les problématiques que soulève leur mise en commun. Le groupe devient parfois, au contact des œuvres, un seul corps, traversé par un même souffle, rappelant la philosophie zen et mettant en évidence la circulation des énergies dans tout être et toute chose. Au grès des rencontres, l’artiste cherche à faire intervenir dans ses pièces le travail de la main, la sienne autant que celles d’autres individus, comme pour mettre en évidence les nombreuses collaborations, si souvent invisibilisées dans le champ de l’art. La pensée qui émerge de ces recherches, éminemment contemporaine, permet d’interroger les phénomènes de transmission de savoirs, davantage gestuels et symboliques que théoriques.