Camille Boileau - Le jardin des possibles
Camille Boileau vous invite à entrer dans Le jardin des possibles. Ici, les formes colorées qui fleurissent sur les murs, ou dans les airs, évoquent aussi bien les écailles scintillantes des poissons qui peuplent les récifs coralliens que les végétaux de jungles tropicales inexplorées ou encore les plumes d’oiseaux exotiques majestueux.
Dans ce jardin foisonnant, ne sachant où fixer notre regard parmi la multitude de peintures, il faudra progresser lentement, comme Dorothy Gale sur son chemin de briques jaunes dans Le magicien d’Oz, ou comme Alice au Pays des Merveilles parcourant le jardin des fleurs loquaces de l’autre côté du miroir. La végétation pousse partout, jusque dans les titres des œuvres à l’instar de Talvère (Talvera en occitan), qui désigne les herbes folles qui s’épanouissent en bordure des champs cultivés, ou de Thallô, fille de Zeus et de Thémis, protectrice bienveillante des fleurs et des fruits.
Camille Boileau s’émerveille des phénomènes de pollinisation récurrents dans son travail. Passant d’un médium et d’une technique à l’autre, elle projette une infinité d’images personnelles sur les œuvres. Ses peintures peuvent rappeler le travail de l’artiste spiritualiste Laure Pigeon : elles suscitent elles aussi de nombreuses sensations et incitent à la contemplation méditative. Qu’elles soient apposées sur du papier ou sur des voiles suspendus, les touches dynamiques de couleurs vibrantes permettent, comme devant des nuages, de se laisser aller aux effets de paréidolie. Elle-même guidée par son imaginaire, comme l’était la peintre moderniste Georgia O’Keeffe, Camille Boileau s’aventure dans ce qu’elle qualifie de « météorologie des matières »… Mais pour que la peinture soit la plus libérée possible, l’artiste met en place un dispositif strict : deux pinceaux, de la gouache, des feuilles, de l’eau. Les limites de ce cadre, loin d’appauvrir les propositions plastiques, ne font que démultiplier les associations libres, les intensifier. « Loin de toute systématisation, j’ai la velléité de parcourir une infinité de gammes ». Le verbe grec « orizein » (limiter, circoncire) ne signifie-t-il pas également « horizon » ? Portant son regard au loin, l’artiste se laisse surprendre par la diversité des paysages qui défilent sous ses touches colorées : « lisières de ruisseaux, natures mortes, « bouquets de sentiments », motifs textiles, fond marins… » surgissent tour à tour à un rythme cadencé. Les œuvres de Camille Boileau rappellent parfois celles de certaines peintres expressionnistes abstraites américaines du mouvement « Color field » des années 1950, comme Joan Mitchell ou Lee Krasner : vivantes, elles sont parcourues par l’intensité d’un souffle. Elles sont le résultat d’une expression sensible, d’un élan que l’on devine nécessaire.
Pour accompagner votre flânerie dans l’expo, le musicien Boreal, directement inspiré des œuvres de l’artiste, proposera un live de musique électronique, pendant lequel il développera une atmosphère intimiste et magnétique, entre nature évanescente et fréquences synthétiques. Faisant écho aux toiles, Boreal nous plongera dans un univers ondoyant et éclectique, influencé par la musique minimaliste et ambient.