Bénédicte Lacorre - Did something real happen ?
Bénédicte Lacorre collectionne les images. Les photographies qu’elle capture quotidiennement, constitutives de son journal visuel, ou bien celles qu’elle télécharge dans des banques de données libres de droits sur internet, se chargent progressivement d’une matérialité sensuelle lorsqu’elles sont imprimées sur des rouleaux. Décontextualisées, les photographies de vestiges, de statues ou d’artefacts, sont alors assemblées dans des collages numériques, créant de nouvelles narrations inspirées d’un fantasme de l’antiquité et de la disparition, de l’archéologie et de la catastrophe. Les objets et leurs représentations se confondent dans le salon d’un·e collectionneur·se où la tapisserie, le paravent, le tapis, et l’étagère dialoguent avec le Laocoon, le vase de Chine ou la colonnade faussement antique des peintres romantiques. Les images s’éloignent du mur pour se déployer dans l’espace, quand les objets, numériquement modélisés, perdent peu à peu leur matérialité. Bénédicte Lacorre les collectionne.
Qu’ils soient en 3D mis à disposition en ligne par des musées, en bois ou en céramique réalisés par l’artiste, ils se rencontrent, se regardent, s’entrechoquent. Impossible de savoir lequel précède, lequel fait référence. Pourtant ici l’artiste met en place les conditions d’un dialogue entre l’espace réel de l’exposition et celui, fictif, de la vidéo. Au rythme lent d’une musique hors champ, un trouble se crée entre la projection mentale que l’on se fait du décor, et la sensation physique d’en « être » véritablement l’acteur·trice.
Ici, les œuvres en céramique évoquent une temporalité aussi discontinue que vertigineuse. À l’inverse des productions contemporaines définies par leur obsolescence programmée, Bénédicte Lacorre réalise des objets potentiellement millénaires. S’il y a là quelque chose de quasi primitif dans la fabrication de ses propres outils, ils n’en restent pas moins parfaitement inutilisables : les vases sont remplis de plâtre ou brisés au sol. Le temps – notion centrale dans le travail de Bénédicte Lacorre – est ici infiniment suspendu, entre le médium millénaire et la vidéo 3D.
Évoluant entre ces objets familiers teintés d’une forme de surréalisme évoquant les ruines reconstituées des jardins du XVIIIe, l’on se prend à rêver de temps révolus ou de futurs proches, de paysages fragmentés, irréels, où nos corps oscilleraient presque entre physicalité sensible et mirages éthérés. Did something real happen?
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Bénédicte Lacorre est née en 1992 à Meudon, elle vit et travaille à Marseille.
Après une formation à l’École Supérieure des Beaux-arts du Mans, et à la Haute École des Arts du Rhin de Strasbourg, Bénédicte Lacorre s’est spécialisée en tournage et céramique à l’École de Céramique en Provence, à Aubagne. Elle a exposé à la Galerie BS à Paris (Exhumer les liens, 2017), à l’École de Céramique en Provence, à Aubagne (Le Banquet, 2019), et exposera avec Julia Schmutz au CEAAC, à Strasbourg (2021) et à l’Institut Français de Stuttgart, en Allemagne (2021).
Bénédicte Lacorre est née en 1992 à Meudon, elle vit et travaille à Marseille.
Après une formation à l’École Supérieure des Beaux-arts du Mans, et à la Haute École des Arts du Rhin de Strasbourg, Bénédicte Lacorre s’est spécialisée en tournage et céramique à l’École de Céramique en Provence, à Aubagne. Elle a exposé à la Galerie BS à Paris (Exhumer les liens, 2017), à l’École de Céramique en Provence, à Aubagne (Le Banquet, 2019), et exposera avec Julia Schmutz au CEAAC, à Strasbourg (2021) et à l’Institut Français de Stuttgart, en Allemagne (2021).
Bénédicte Lacorre, Did something real happen ? le local, printemps 2021.
Graphisme : Pricilla Deardin
Graphisme : Pricilla Deardin
Bénédicte Lacorre, Did something real happen ? le local, printemps 2021.
Photos : Andréa Le Guellec
Photos : Andréa Le Guellec