Elisa Florimond
À l’occasion de la résidence GENERATOR, 40mcube, Rennes
Elisa Florimond est une groupie. Elle assume volontiers se nourrir de ce qui l’entoure, des paysages qu’elle habite, des musées qu’elle visite, des œuvres qu’elle photographie. Elle collectionne méticuleusement des images, des textes, des formes, comme une fan qui garderait précieusement – et plus ou moins secrètement – des dédicaces dans une chambre d’ado, faisceau d'indices de l’expression de soi. L’artiste fait des captures d’écran de films ou de réseaux sociaux, prend en photo avec son téléphone des livres ouverts, rassemble dans des dossiers numériques les œuvres qui la fascinent, puis classe ces sujets de désir en corpus thématiques. Elle développe alors une pratique artistique de la copie, mue par une admiration des modèles. Elle « fait comme », « à la manière de », « d’après ». Si elle multiplie les stratégies d’évitement – jouant la sélection d’une image au lancer de dé ou écrivant des poèmes à partir d’une grille de mots fléchés –, ses pièces n’en demeurent pas moins empreintes d’une sensibilité personnelle manifeste. Parmi la somme incommensurable de photographies développées, de films déjà réalisés, ou encore de sculptures et d’objets dont regorgent les musées d’histoire naturelle qu’Elisa Florimond arpente, il s’agit pour elle de faire des choix.
Le musée et son mode de classification rationaliste hérité du colonialisme revêt un caractère ambigu pour l’artiste : il est un lieu d’émerveillement mais aussi de grande violence, tant il impose de manière autoritaire une seule histoire faite notamment d’aberrations ethnocentriques. En utilisant les grands principes de muséographie, en prêtant une attention particulière aux dimensions, aux volumes des socles et des cimaises, Elisa Florimond présente des compositions d’objets reproduits sur des « étendues » qui s’apparentent à des scènes, dont le potentiel discursif l’emporte sur l’individualité de chaque forme. Ces dispositifs familiers accueillent sans distinction des copies de bas-reliefs antiques en savon, des reproductions peintes de statuettes protohistoriques et des captures d’écran de réseaux sociaux.
Peut-être est-ce là le cœur de sa pratique artistique : proposer une réécriture sensible de récits polysémiques qui s’éloignent d’un supposé objectif scientifique muséal et attestent, bien au contraire, de la puissance de l’affect dans la circulation des modèles.
Le musée et son mode de classification rationaliste hérité du colonialisme revêt un caractère ambigu pour l’artiste : il est un lieu d’émerveillement mais aussi de grande violence, tant il impose de manière autoritaire une seule histoire faite notamment d’aberrations ethnocentriques. En utilisant les grands principes de muséographie, en prêtant une attention particulière aux dimensions, aux volumes des socles et des cimaises, Elisa Florimond présente des compositions d’objets reproduits sur des « étendues » qui s’apparentent à des scènes, dont le potentiel discursif l’emporte sur l’individualité de chaque forme. Ces dispositifs familiers accueillent sans distinction des copies de bas-reliefs antiques en savon, des reproductions peintes de statuettes protohistoriques et des captures d’écran de réseaux sociaux.
Peut-être est-ce là le cœur de sa pratique artistique : proposer une réécriture sensible de récits polysémiques qui s’éloignent d’un supposé objectif scientifique muséal et attestent, bien au contraire, de la puissance de l’affect dans la circulation des modèles.